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M. CAMBON. – Depuis 2002, à la demande du Président de la République, le gouvernement a placé la lutte contre l'insécurité routière au centre de ses priorités. Des résultats encourageants ont été obtenus : les accidents automobiles ont baissé de 20 % entre 2002 et 2003 : le nombre de victimes a diminué de 9 % en 2004. Ce sont les meilleurs chiffres depuis vingt ans, car durant cette période, les baisses n'avaient guère dépassé 6 %.
Allumage des feux de jour, radars automatiques, permis probatoires : autant de mesures aux résultats indiscutables.
Mais, malgré ces pourcentages, les chiffres font encore frémir. Le comité interministériel de sécurité routière dressait ainsi le 24 janvier dernier, le bilan de l'année 2004 : on a dénombré 84 331 accidents, 5 217 tués et 107 219 blessés.
Chaque victime est une victime de trop. Des progrès doivent encore être réalisés et les efforts poursuivis, notamment dans le Val-de-Marne, traversé par trois des routes nationales où la circulation est la plus intense – les RN6, 7 et 19.
Cette voie, classée route à grande circulation est une des principales radiales de la région parisienne. Au plan départemental, elle dessert le plateau briard. Au plan régional, elle relie l'autoroute A86 et la Francilienne à l'entrée de Brie-Comte-Robert en Seine-et-Marne. Au plan national, elle relie Paris à Troyes et à la Suisse.
En moyenne, 28 000 véhicules empruntent quotidiennement cette route nationale, dont 10 % de poids lourds.
Entre 1997 et 2004, sur seulement huit kilomètres, 368 accidents ont été enregistrés, avec un taux de gravité particulièrement élevé : 542 victimes, dont 17 tués : que de vies brisées, fauchées, des familles endeuillées.
Je citerai quelques exemples macabres mais qui méritent d'être soulignés.
Le 7 mars 2004, un piéton est renversé rue du général Leclerc, à Boissy-Saint-Léger : grièvement blessé, il est sorti du coma, mais reste handicapé à vie.
En août 2004, un piéton circulant sur le trottoir est heurté par une camionnette : âgé de 38 ans, père de deux enfants, il est mort sur le coup.
Le 19 octobre, deux véhicules sont entrés en collision frontale : deux des victimes les plus grièvement touchées ont été évacuées dans le coma. La violence de l'accident a paralysé le sud du département pendant plusieurs heures. En janvier, une personne âgée a été écrasée. Le 4 février, deux véhicules se sont heurtés de plein front à forte vitesse. Il aura fallu plus d'une heure aux sapeurs-pompiers pour extraire de la carcasse de sa voiture une des victimes, âgée de 25 ans. Elle est encore aujourd'hui entre la vie et la mort.
Ce week-end, enfin, au petit matin, la collision entre deux véhicules a fait six blessés, dont cinq jeunes gens âgés d'une vingtaine d'années.
Sur cette section périurbaine de la RN 19, les automobilistes se sentent délivrés de l'obligation de prudence qui sied en zone urbaine. Les enjeux de sécurité y sont les plus sérieux.
Face au terrible bilan de dix morts en cinq ans sur moins de six kilomètres, l'État n'est pas resté inactif : plus de dix projets de mise en sécurité ont été proposés par la direction départementale de l'équipement (D.D.E.). Mais les crédits très faibles du plan régional d'aménagement de sécurité ne suffisent pas à les financer.La série noire continue ! Combien de morts faudra-t-il encore déplorer ?
Les radars ne peuvent suffire. En juillet, le préfet du Val-de-Marne a proposé de réduire la circulation à deux fois une voie, avec glissière de sécurité. Estimée à 1 300 000 euros, cette variante est bien moins coûteuse que les précédentes.
Au nom de la population concernée, je vous demande de faire cesser cette hécatombe, afin que ce tronçon sorte enfin de la rubrique des faits divers.
Le Président de la République a courageusement placé la sécurité routière parmi les priorités de son mandat. Faites en sorte que cette option se concrétise sur le terrain !
M. GOULET. – Très bien !
M. GOULARD, secrétaire d'État aux transports et à la mer. – Personne ne peut rester insensible à cette accumulation de drames.
La sécurité routière constituant une priorité absolue, nous devons encore progresser, notamment sur la RN19 dans votre département.
Des travaux sont nécessaires.
L'ancien projet de déviation au niveau de Boissy-Saint-léger est estimé à 230 millions. Seule une première tranche – entre la RN406 et l'échangeur dit du R.E.R. – figure au contrat de plan. L'État y contribue à concurrence de 30 %, conformément à la règle applicable aux investissements routiers en Ile-de- France.
Grâce aux décisions budgétaires prises le 5 novembre 2004 par M. le Premier ministre, les travaux pourront commencer dès 2005, pour 20,5 millions – dont 6,2 à la charge de l'État – afin que deux ouvrages marquent une étape significative dans la mise en sécurité de la RN19. Dans les toutes prochaines semaines, la construction du passage supérieur numéro 5 sera lancée, avec une incidence certaine sur la sécurité routière. M. de Robien traitera prioritairement cette opération en 2006.
Il faudra trouver un complément de financement, d'un montant équivalent.
Mais, si cette opération améliorera indéniablement la sécurité routière, il faut encore améliorer la sécurité sur la section de la RN19 située entre Gros-Bois et la Francilienne. Sa configuration rectiligne y favorise des vitesses élevées. C'est pourquoi il faut renforcer les contrôles de vitesse : même si les radars ne sont pas la panacée, ils ont un rôle dissuasif.
Nous examinerons en outre les propositions de la D.D.E. afin de préserver des vies humaines, dont un trop grand nombre a été perdu sur ce tronçon particulièrement dangereux.
Comme vous, nous sommes sensibles aux drames de la route.
M. CAMBON. – Je
prends bonne note de l'engagement du gouvernement. Vous avez, de manière réconfortante,
divisé les problèmes. La déviation de Boissy-Saint-Léger est engagée ; ce
devrait être le plus gros investissement de l'État dans le Val-de-Marne.
Mais il y a aussi la déviation vers la Francilienne. Il faudrait que les
travaux débutent en 2005. Les élus sont exaspérés et la population est en
colère.
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